VISAGES DE DEA
DÉCOUVREZ LES MILLE ET UNE FACETTES DE DEAShakti

Partie de l’introduction du livre Shakti, the realm of the divine mother de Vanamali, traduit et adapté
La philosophie hindoue affirme que Brahman est la réalité ultime et suprême possédant en elle-même tous les états manifestés et non-manifestés. Brahman est l’état d’existence qui ne change jamais, indivisible, sans aucunes distinctions et qui se situe au-delà même de la compréhension humaine. Il peut être connu seulement par l’expérience concrète en transcendant et pénétrant les différents niveaux de conscience.
La philosophie indienne est connue pour son symbolisme et depuis les temps anciens, les représentations picturales de Dieu prennent des formes à la fois féminines et à la fois masculines. Avec le temps, la forme absolue de l’immobilité fut associée au masculin et l’énergie manifestée de la nature fut associée au féminin. L’absolu et la nature ne sont donc pas deux formes, mais bien deux formes en une ; elles sont nécessaires et complémentaires à l’autre. Ces deux formes en une sont connues en tant que Purusha et Prakriti ou Shiva et Shakti. Shiva et Shakti sont des polarités opposées mais inséparables, ayant des attributs différents.
Shakti, ou Devi, précède toutes formes de connaissance existantes. Elle est l’aspect créatif de Brahman. C’est à travers elle que le Un devient multiple. Elle se nomme Adi Shakti, la force primitive et est la première émanation de la puissance de Brahman (absolu). Elle est le ventre de l’univers.
La création et la dissolution se suivent. C’est un processus cyclique et non linéaire comme étant proposé dans la philosophie occidentale. Pendant la période de dissolution, Shakti est au repos. En fait, Shakti est en incubation, une énergie indistincte qui repose en Brahman et qui contient les graines de tous les univers. Pendant la période de création, Shakti fleurit dans le manifesté, le cosmos en évolution; pendant la dissolution, Shakti se rétracte sur elle-même et retourne dans son état de repos jusqu’à la nouvelle période d’évolution et de création. Cette expansion et contraction continuent éternellement. Comme le jour et la nuit, l’univers s’étend en tant que matière et s’estompe ensuite en tant qu’énergie primitive, ou Mula Prakriti. De Shakti, proviennentt toutes les manifestations aux multiples formes, des étoiles aux verres de terre, des océans jusqu’aux gouttes de rosée ! Shakti EST l’énergie cosmique, l’ultime de la réalité physique de toutes les formes manifestées. La matière n’est rien d’autre que de l’énergie en mouvement, comme la physique moderne l’a admis. L’esprit et l’énergie sont inséparables. Ils sont essentiellement UN. Ils sont comme le feu et la chaleur.
Shakti, la mère-pouvoir ou énergie divine, a plusieurs formes et symboles. Toutes beautés et toutes laideurs s’écoulent d’elle. Elle est Lakshmi, celle qui promet, celle qui accorde la bénédiction et la beauté. Elle est Saraswati, celle qui offre toutes les sagesses et l’art. Elle est Tripurasundari, la plus belle des trois mondes. Mais elle est aussi Kaali, la destructrice, celle dont la colère déclenche les ouragans, les tonnerres et les éclairs. Elle est Mahishasuramardini, celle qui tue le démon Mahisha. Elle est Chandika, la terrible, qui relâche les typhons, les inondations et les tsunamis.
Le culte Shakta fait partie de ces cultes qui honorent le divin en tant que Mère Divine. Ces cultes de la mère ont fasciné l’humanité à travers le temps, étant donné que la mère est la figure avec laquelle il est tout à fait facile d’avoir une relation intime. D’ailleurs, c’est une relation primordiale. Le dévot jouit de beaucoup de liberté lorsqu’il voit Dieu en tant que mère. Le grand sage du Bengal, Sri Ramakrishna, a dit : « Comme un enfant qui « force (influence) » ses demandes sur sa mère, un dévot peut forcer (influencer) ses demandes sur Dieu en tant que mère. »
On affirme que le culte de la déesse a débuté bien avant les tribus de chasseurs indiens de l’Inde préhistorique. Des archéologistes ont déterré des figurines de déesses datant des périodes les plus reculées des civilisations indiennes. Le culte de la déesse a évolué encore et encore jusqu’aujourd’hui pour devenir une tradition à part entière parmi plusieurs autres cultes existants en Inde. La déesse a probablement débuté en tant que divinité unique représentant la terre, mais elle s’est lentement transformée et a donné naissance à plusieurs formes et plusieurs appellations pour créer un panthéon complet de plusieurs déesses féminines possédant des fonctions différentes. Cependant, nous devons comprendre que toutes ces déesses sont les pouvoirs d’une seule Shakti universelle – Adi Shakti ou Parashakti.
Aujourd’hui, le Shaktisme est une part importante de la culture hindoue. Il a été pratiqué et élaboré par des millions de chercheurs à travers les âges. Les pauvres et les riches approche la Mère Divine, certains avec sagesse et d’autres par désespoir, mais tous avec amour dans leur cœur. Le Shaktisme a inspiré des saints, des yogis, des artistes et des poètes.
Le culte de Dieu en tant que mère est présent dans toutes les civilisations. En Égypte elle était connue sous le nom d’Isis, en Babylon, elle était connue sous le nom d’Ishtar, en Grèce, en tant que Déméter et en Phrygie, en tant que Cybèle. Le Judaïsme et l’Islam ont mis un terme au culte de la mère au Moyen-Orient. Le Christianisme l’a d’abord refoulé mais a ensuite vénéré la Vierge Marie en tant que mère de Dieu.
Notre première relation est vécue avec notre mère. Les souvenirs les plus anciens de toutes les personnes nous rapportent à cet instant où nous étions dans les bras de notre mère, fixant ses yeux remplis d’amour. Un monde entier de tendresse, d’amour, de bien-être et d’affection est présent en chaque mère. Elle est l’incarnation de la sécurité. Elle représente l’amour idéalisé duquel l’enfant retire son confort et sa protection. Le concept de la Mère Divine est aussi ancien que la vie en soi.
Sri Ramakrishna a écrit une autre belle allégorie sur la Mère Divine. Tant que l’enfant joue avec ses jouets, la mère s’occupe des tâches de la maison, mais lorsque l’enfant lance son jouet et crie pour avoir l’attention de sa mère, elle pose la casserole sur la cuisinière et s’élance vers l’enfant. Cette analogie illustre le lien puissant qui existe entre la déesse et le dévot.
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